mardi 29 avril 2008

Pouce

Quand j'avais 8 ou 9 ans, j'ai découvert d'où venait l'expression mettre le doigt dans l'engrenage.

Depuis, au bas mot une lourde trentaine d'années, la Phalange de mon pouce droit comporte une étrange dépression, trace laissée par un engrenage de renvoi à 90° d'une meule à aiguiser.

Le plus drôle est la façon dont c'est arrivé. La meule en question est une sorte de camembert de roche abrasive de 40 cm de diamètre et 8 d'épaisseur monté sur un axe. La partie haute est dégagée alors que le bas est dans une sorte de carter dans lequel on met l'eau. Au bout de l'axe, il y a deux pignons à 45° qui renvoient la rotation vers un autre axe au bout duquel on trouve une manivelle. Ben quand on tourne la manivelle, la meule se met à tourner.

Mon but n'était pas là d'utiliser cet outil pour aiguiser quoi que ce soit mais le faire tourner pour voir ce que cela faisait. En tournant très vite, les dentures de la pignonerie semblaient disparaître et ressemblaient à deux cônes lisses. Lancée, quand on lâchait la manivelle, l'inertie du disque de pierre prenait le relais et la manivelle tournait toute seule pendant plusieurs secondes ; passionnant !

Là où j'ai merdé, c'est quand j'ai retiré le brin d'herbe que je mâchouillais depuis un moment de ma bouche pour le fourrer dans l'engrenage la meule lancée à pleine vitesse. J'ai rien vu, c'est allé trop vite, mais j'ai senti. Le brin d'herbe a été entraîné dans l'engrenage et avec la vitesse, ma main aussi.

Quand mon pouce est allé caler la pignonerie, tout s'est arrêté net dans un bruit de ferraille contrite. Après m'être dégagé, je n'arrivais pas à voir l'ampleur des dégâts à cause de la graisse sale dont les pignons étaient recouverts et quand le sang s'est mis à pisser, je ne voyais plus ni doigt ni graisse ni ongle, ni main d'ailleurs. Mon ongle s'est barré au bout d'à-peine deux jours, il ne tenait plus à rien le pauvre vieux.

Mettre le doigt dans l'engrenage, ou-bien fus-je ce jour là baptisé grain de sable... mrgreen

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