vendredi 25 avril 2008

Dire et faire

J'avais prévu la fin de mon chantier le week-end dernier, ben c'est raté, ce sera pour demain ou après-demain. La raison en est simple, parce-que je suis moi, je ne sais ni bâcler ni ouvrir une brèche sans l'exploiter à fond.

Le plus gros changement de norme entre les installations électriques des habitations d'il y a vingt ans et celles d'aujourd'hui consiste en l'apparition de nouveaux modules de protection.

Le disjoncteur divisionnaire remplace de l'ancien sectionneur à fusible pour la protection des lignes, et apparaissent les interrupteurs différentiels pour la protection des personnes. Ce qui a une incidence sur la façon de passer fils et tuyaux pour aller vers les utilisations. Pour exemple, les sectionneurs à fusibles ne coupaient que la phase et tous les neutres étaient rassemblés ensemble sur un large bornier alors qu'avec les disjoncteurs divisionnaires, la phase et le neutre d'une ou plusieurs utilisations en parallèle passent par la même protection. La gestion des mises à la terre a beaucoup évoluée, les électriciens d'autrefois étaient capables de partir du coffret de protection et de faire le tour de la maison avec un seul fil de terre en repiquant d'appareils en appareils ou de les centraliser dans un boîtier de dérivation pour les rééclater. Le résultat pouvait être surprenant, du genre si nous avions dix phases protégées par dix sectionneurs à fusibles en section de 2,5mm2, cela faisait 25mm2 de phases reposant sur 2,5 mm2 de terre. Tout ceci est bien fini, il faut avoir la même section de terre ainsi que de neutre par phase protégée. Résultat, quand on reprend une installation de ce type, le manque de neutres et de terres se fait vite sentir.

L'implantation de plusieurs interrupteurs différentiels oblige aussi à quelques modification, notamment, comme chaque interrupteur différentiel protège une "section" de x divisionnaires, il est strictement interdit de faire passer deux lignes provenant de deux inters diffs dans la même gaine. Là encore, il fut un temps où les lignes s'accumulaient dans le même tuyau jusqu'à saturation et quand il faut maintenant les séparer, on manque cruellement de conduits, qui se trouvent comme de bien entendu sagement scellés dans les chapes et les cloisons.

Ce ne sont que quelques exemples du changement de norme, il ne faut pas se contenter de ces points pour croire pouvoir satisfaire la nouvelle NF c15-100 et ses correctifs. Si vous manquez de lecture cet hiver...

Je me suis donc retrouvé avec une installation nébuleuse et inadaptable. Il faut d'abord la "copier" pour savoir qui va où et par quel chemin (tubes intégrés à la maçonnerie) puis repasser, enlever, remplacer des fils (quand il veulent bien coulisser dans leurs conduits) jusqu'à répondre aux contraintes ci-dessus. J'ai dû passer environs 100 mètres de neutre et autant de terre pour arriver à équilibrer. Alors que tout fonctionnait, lors du contrôle, je me suis trouvé avec deux pannes invisibles. Une très désagréable qui arrive aussi sur les installations neuves, l'impossibilité d'équilibrer le nombre d'appareils sur un divisionnaire. Genre, on branche une ligne, c'est pas assez, on en mets deux sur le même divisionnaire, c'est trop. Il est sage de se limiter à 4 prises par D.D. 16 A en restauration. Et une totalement inextricable sur ces vieilles installations dans la partie éclairage qui consiste à se retrouver avec des phases et des neutres croisés. Dans la pratique, alors qu'il n'y a qu'une phase et un neutre en sortie d'un D.D., on se retrouve avec du jus ou des neutres sur une ou plusieurs sorties des autres D.D.. Dans mon cas, il fallait deux D.Divisionnaires relevés pour voir alimentée une ligne. Il m'aurait été assez facile de dépanner sans tout remodifier sauf que j'avais aussi un problème de distribution. Certains électriciens peu scrupuleux auraient mécaniquement couplé les leviers des deux D.D. et le tour aurait été joué. Les astuces pour faire briller l'inox ou attendrir les fayots lors de la cuisson ne me gênent nullement mais en électricité, je n'aime pas la bricole.

J'ai pris mon marteau-piqueur préféré (celui qui aime tant ma toison) et perforé le ourdis et les cloisons en plusieurs endroits afin de passer une ligne et surtout le neutre manquant. Je ne pouvais plus rien passer dans les gaines existantes, elles étaient pleines à craquer. De fil en aiguille, et comme le gros du boulot que sont les perforations était fait, je me suis dit qu'il serait dommageable de ne pas en profiter pour en passer un peu plus, c'est ainsi que j'ai refait totalement l'installation de l'étage en couplant les utilisations deux par deux, histoire de pouvoir éviter les surcharges. Les tuyaux existants se sont vidés à vue d'oeil, les boîtes de dérivation d'origine se sont transformées en simple passage. J'ai enfin maintenant une vue globale et parfaitement claire de l'installation.

Si j'avais procédé ainsi dés le départ, j'aurais gagné une semaine de véritable galère. Y'en a qui s'écoutent trop et d'autres pas assez...

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