vendredi 30 mai 2008

L'heure élastique

Allez mes petits, vous pourrez travailler 48 heures par semaine et gagner plein de sousous en plus, elle est pas belle la vie ?

À part ça, le temps légal de travail reste à 35 heures hebdo hein !

Je me moque je me moque mais l'idée n'est pas si stupide. Elle offre la possibilité d'envisager un avenir différent pour bon nombre de salariés qui pourront effectivement gagner plus en cas de nécessité de vie. Mais je ne pense pas que cette heureuse perspective se présente en ces termes car ce ne sont pas les salariés, enchaînés à leur entreprise, qui vont décider de bosser plus ou moins.

Le résultat risque de réserver quelques mauvaises surprises. Les travailleurs des secteurs d'activité en déficit de professionnels vont voir leur temps libre lourdement grevé par ces mesures. Sans compter que les secteurs boudés sont souvent plus usants physiquement et n'imposent pas le moindre respect de la part de la société, bonjour l'esclavage moderne. Et les autres, ceux qui ont des métiers dans les secteurs secondaires ou tertiaires, qui habitent dans des zones où vivre coûte, ben ils n'auront pas ce qui pourrait être une réelle chance de voir leur situation s'améliorer.

Je pense qu'une erreur est faite dans cette course au libéralisme. L'idée d'intégrer une hiérarchie jacobine au modèle américain risque de vite créer des inégalités bien plus graves que chez nos potes des US. On aurait pu rêvé mieux comme libéralisme à la française.

Si on veut libérer le travail, il faut d'abord libérer les gens. Il ne faut plus que les patrons croient que leur personnel leur appartient ni que les salariés se planquent sous l'aile de leur entreprise en croyant que tout leur bonheur en dépend. Facile à dire mais visiblement pas à concevoir. La France est un curieux pays de ce côté là et si j'approuve le doux chauvinisme de mes compatriotes je supporte de moins en moins la brassée de passion qu'ils mettent dans leur boulot. Travailler équivaut à monnayer des compétences ou des aptitudes, pas à chercher un joug supplémentaire, si ?

Quand notre hyper-président est arrivé au pouvoir, faute d'avoir contribué à son élection, j'imaginais ce que devrait être l'avenir en revoyant plusieurs points lacunaires de notre société "vieillotte". Si son programme ne m'enchantait guère, j'espérais au-moins trouver un peu de bon dans le secteur de la liberté d'entreprendre. Si je reste inexorablement de gauche, la grotte professionnelle aux galeries multiples qu'ils aiment faire défiler à grands renforts de tracts et de banderoles me semble depuis toujours d'un autre temps. Je ne dis pas non-plus qu'il ne faille plus de conflits, c'est souvent au cours de ses plus fortes contradictions que l'humain daigne se creuser la cervelle pour trouver des solutions. Il en reste que rien n'avance vraiment alors qu'il serait assez simple, peut-être un peu long, de "centraliser" le travail et d'en donner toute la gestion à un seul organisme plutôt que de rajouter indéfiniment des lambeaux au patchwork existant. Libérer les gens de l'entreprise, libérer les gens des obligations administratives afin qu'ils n'aient plus qu'à faire de leur vie ce que bon leur semble sans contraintes extérieures ou notions d'échéances et de temps avec une visibilité optimale.

Pour cela, il ne faut plus que le travail, la santé, l'instruction coûtent le moindre centime au travailleur, il aura ainsi les moyens d'accepter la mobilité exigée par un tel système. L'entreprise d'aujourd'hui n'est qu'une querelle de chiffres à tous les étages, du découpage des heures en 1/8ème ou 1/16ème au temps exigé pour prétendre à un repos au bout d'une vie de travail, ça va bientôt revenir plus cher de compter les heures que ce qu'elles rapportent. Je ne pense pas que le rapport d'un salarié se limite au temps qu'il aura passé dans l'entreprise. Pour être rentable, il faut la bonne personne au bon endroit si possible au bon moment, ce qui n'est que rarement le cas actuellement à cause de profits, intérêts personnels divers, orientation déficiente ou manque de réflexion sur le vie. À choisir, je pense qu'il vaut mieux travailler 20 ans dans une vie à faire là où on réussit le mieux plutôt que quarante-cinq dans ce qui nous est plaisant. Étant entendu que ce qui semble pouvoir plaire peut à la longue s'avérer lassant, aliénant et dangereux.

Les hommes naissent libres et égaux en droit ne veut pas dire qu'ils ont la même capabilité face à une tâche à accomplir sinon nous serions tous des cerveaux sur pattes depuis longtemps ; 60 milliards d'einsteins n'est peut-être pas à souhaiter pour notre avenir. Ils veulent créer des universités d'élite, pourquoi-pas, mais je me demande bien comment ils vont les remplir s'ils ne permettent pas à un maximum de gens d'accéder aux universités conventionnelles ; à moins qu'ils soient capables de repérer génétiquement les génies dés la maternelle ou-bien iront-ils les acheter ailleurs comme les sportifs de haut niveau.

Le problème actuel est que nous semblons prendre le chemin inverse. Au-lieu de considérer l'humain comme sa propre richesse, on s'obstine à mettre tout le monde n'importe où n'importe comment du moment que chacun ait les mains (la tête) prises. Le nez dans le guidon, paye bosse, paye bosse, paye bosse...

Une autre société est possible, si seulement on osait arrêter de couper les cheveux en quatre.

Voilà un post bien en vrac digne de mes plus grandes pagailles. Plus sérieusement, j'ai l'odeur du kawa qui me vient aux narines. razz

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